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neveux et nièces, aussi bien que ceux qui roulaient, éternellement ballottés, au fond de la mer, son propre père noyé au Raz de Sein en voulant sauver un navire en perdition, Jean-Marie Hervé dans l’océan Indien, un fils dans les mers de Chine, d’autres encore, des amis, des camarades, des compagnons de pêche ou de combat, un peu partout, en Islande, dans le Pacifique, la mer Noire, la Méditerranée, dans toutes les mers du globe !

Sa pensée se concentra sur les deux seuls êtres qui le rattachassent à la vie, uniques rejetons de cette race de mâles et de lutteurs de la mer, sa fille Mariannik et sa pauvre nièce Yvonne.

Maigre lui il souriait, s’étonnant de ne pouvoir songer à Mariannik, une des plus jolies filles de Camaret avec sa chevelure noire et ses yeux brillants, sans évoquer en même temps la physionomie sympathique du patron du canot de sauvetage, Jean-Vincent-Corentin Garrec. Il le soupçonnait depuis quelque temps de n’être pas indifférent à sa fille, et, pour lui, il eût volontiers fait son gendre de ce modeste pécheur. Il marmotta :

— On ne sait pas, voilà !

Ce rêve s’effaçant, ce fut l’orpheline qui accapara son souvenir.

Une belle fille également, Yvonne Guivarcʼh, aussi blonde que sa cousine Mariannik était brune, ouvrant dans une figure d’un ovale étonnamment