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Pierrik, lui, bavarde avec les mousses, des galopins de son âge :

— C’est aux Pierres-Noires que nous avons fait le plus ; on aurait cru qu’il voulait vider la mer !…

Maître Pierre Guivarcʼh entendit ; il songea :

— Il cherchait son trésor, pauvre gars ! Comme si, des fois, la mer rendait ce qu’elle prend !

Le vieux marin pensait juste.

Quand, au retour, après des bords courus dans les environs de Sein, il avait vu les parages où s’était brisé le bâtiment qui le ramenait en France, il avait voulu, malgré le danger, malgré une mer qui se faisait mauvaise, jeter ses filets sur le lieu même du naufrage, depuis le Ranvel jusqu’à la Basse-Large.

Jamais il n’avait donné tant de soin à la pêche.

Deux orins étant jetés, munis d’une énorme pierre qui les tend et les fixe à cinquante mètres sous l’eau, tandis qu’un fort liège les maintient en haut, les filets à larges mailles sont attachés entre ces orins et maintenus dans une position verticale par de petites pierres à la partie inférieure, par des morceaux de liège à la supérieure : la raie vient alors donner dans ce piège et la violence du choc rejetant les pierres par-dessus elle, l’enveloppe ainsi dans le filet.

Hervé était le plus ardent, penché sur le bordage, fouillant des yeux les profondeurs de la mer, impatient de la secousse annonçant la prise.