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jusqu’aux sourcils ne laissant passer que des mèches raides d’un blanc jaune tombant sur le cuivre terreux de la peau. Un drôle de bonhomme, ce Pierre Le Coz, surnommé l’Étoupe, un sécot de soixante-quinze ans, qui s’en allait pêcher toujours seul, dans une minuscule embarcation, une plate, quelquefois jusqu’aux Tas de Pois, sans plus de souci de sa vieille carcasse que si le danger n’existait pas pour lui.

Celui-ci poussa toutefois les lèvres en avant, d’une moue peu rassurante, et ses petits yeux clignotèrent entre les paupières dépourvues de cils, brûlées par les années de mer :

— Faudrait pas qu’il s’attarde, le gars !…

Entre le Grand-Gouin et les Capucins des crêtes d’écume commençaient à moucheter la mer, qui fonçait de plus en plus, tandis que le ciel devenait couleur d’ardoise.

— Possible qu’il soit retourné d’où il venait ce Revenant ! — intervint, une grosse gaieté épandue sur sa face rougeaude et luisante, Marhadour qui passait, le tablier relevé du coin, le petit chapeau de feutre mou collé un peu en arrière sur ses boucles frisées, revenant de son abattoir, le fusil à repasser ses couteaux breloquant au bout d’une chaîne, le long de ses jambes aux mollets bombés.

— Ah ! te voilà, toi, loustic ! — grogna Balanec, rembarrant volontiers les joyeusetés et les plaisanteries, qui paraissaient la spécialité de ce gai