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— Mes chéries, cela veut dire que l’année 1527, il y a très longtemps, cette chapelle a été élevée à Notre-Dame-du-Roc : c’est la bonne Vierge protectrice de Camaret !… Savez-vous pourquoi son clocher est ainsi abîmé ?

Elle montrait le joli clocheton à jour qui se dresse au-dessus de la petite église et dont la partie supérieure est brisée, ne conservant que l’ogive fleurie où s’abrite la cloche.

— Moi, on m’a dit que c’étaient les Anglais ! mais je ne sais pas comment, riposta une voix mutine.

— Eh bien ! je vais vous le dire, les mignonnes !

Elles se pelotonnèrent, toutes leurs prunelles luisantes fixées sur elle, se pressant autour de la jeune fille, dont le visage souriant les dominait.

Le soleil, presque doux ce jour-là, baignait de rayons ces têtes blondes ou brunes, glissait entre les cheveux abandonnés, les joues fermes, les fraîches carnations, tandis que tout autour, comme pour justifier ce nom de Roc-Amadour, qui signifie « Roc au milieu des eaux », l’endroit formant autrefois une île, la mer, très bleue, s’agitait à peine sous le vent léger.

Au fond la côte de Léon se voyait, très nette, découpant sa falaise, où l’on distinguait les moindres détails, le phare du Petit-Minou, des verdures sombres, des saillies de roches, des échancrures ; puis, l’entrée du Goulet, la pointe