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— Oui, je ne dis pas !… Mais on aurait pu faire mieux, s’entendre, se comprendre !…

Hervé soupira, plus sombre, devinant la pensée intime de son oncle :

— Trop tard, Tonton Pierre, je n’ai jamais eu de chance, moi !

L’oncle eut une moue de ses lèvres fines, et, se grattant l’oreille :

— Une bonne fille, Mariannik, peut-être que…

— Qu’en sais-tu ?…

Cette fois le jeune homme abordait franchement la question, mordu par le désir âpre de savoir à quoi s’en tenir.

Le vieux recula, entrevoyant les conséquences, les obstacles :

— Je n’ai rien dit, mon pauvre gars !… Des suppositions, voilà tout !… Oh ! elle ne m’a pas avoué !… Tu sais, les filles, on ne peut jamais savoir, ça a des idées à soi !…

Hervé secoua les épaules, songeant à ce qu’il avait vu, bien certain que sa cousine, malgré son affection pour lui, n’avait jamais eu l’idée de mariage avec un autre qu’avec Corentin. Une seconde, les insinuations de son oncle avaient réveillé au fond de son cœur le désir ardent qui y brûlait, soufflé sur cette cendre chaude ; mais, bien vite, il avait compris, que ce n’était là qu’un vague et inconsistant espoir de vieillard, sans aucune base sérieuse.