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Mais, voilà ! Corentin Garrec était un rude pêcheur et un si brave homme ! Certainement, s’il aimait vraiment sa fille, s’il se décidait à la demander en mariage, il ne pouvait la lui refuser : ce serait, sous tous les rapports, un excellent parti.

Sans doute il n’y avait rien de promis encore ; le garçon n’avait pas osé risquer une démarche ; mais on savait bien que la Mariannik ne lui était pas indifférente. De son côté, la jeune fille n’avait rien dit non plus ; pourtant son attitude, ses rougeurs, et jusqu’à cette angoisse si visible, le jour où le canot de sauvetage avait pris la mer, étaient bien un commencement d’aveu.

Maître Guivarcʼh, dès cette époque, songeait qu’il faudrait peut-être brusquer les choses, quand le bouleversement amené dans sa calme existence par le retour d’Hervé avait reculé ses projets, ajourné ses intentions ; depuis, des incidents minimes s’étaient produits, qui le faisaient hésiter, attendre, le poussant à remettre de jour en jour l’explication définitive.

Une tendresse extraordinaire s’était soudain développée au fond de son cœur pour cet enfant de son frère, pour ce pauvre diable de petit mousse si miraculeusement sauvé. Il se disait que ce n’était peut-être pas sans raison que la Providence le jetait de nouveau, après tant d’années, à Camaret.

Une faiblesse l’incitait à désirer un lien encore