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Cette existence de là-bas, dont il ne veut jamais parler, l’aurait donc tant transformé ?…

Cela dépassait son entendement, à lui qui avait voyagé partout, vu tous les pays, affronté tous les climats, sans changer, sans quitter sa vieille peau bretonne !

Il ruminait parfois dans son crâne toutes sortes de projets d’avenir, de gains à faire, pour augmenter un peu sa mince retraite de maître, de légionnaire, et les appointements de son poste à Camaret.

Ne pouvant se mettre pêcheur, dans sa position, vu aussi son âge, malgré une fameuse santé, il faisait en petit, pour essayer, le commerce du homard avec l’Angleterre et avait installé un vivier, à côté de ceux de Balanec, flottant au large du port, un peu abrités par la falaise.

L’arrivée inattendue de son neveu lui avait tout à coup donné des espérances d’association, de bénéfices plus forts à tirer de leur entente à eux deux ; cela au moins ne sortirait pas de la famille, profiterait aux Guivarcʼh.

Insensiblement, des réflexions avaient germé en lui, avec cette lenteur méthodique, inhérente à son tempérament ; il avait senti sa pensée se tourner vers Mariannik, établir des rapprochements entre le jeune homme et sa fille.

— Oh ! diable ! songeait-il parfois, sans ce Tonton Corentin !…