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maret, paraissant se tenir obstinément dans le voisinage de ces maudits cailloux, autour desquels les contes bretons font rôder la nuit des personnages malfaisants.

Sa vie d’aventures l’avait aguerri, lui avait lavé le cerveau de toutes ses croyances ; il ne céda pas à l’instinctif recul qui paralysait ses reins, au poids de plomb qui lui tombait dans les jambes pour l’arrêter, et, chassant d’un rire nerveux les nains, les korrigans, les fées qui tentaient de hanter encore son esprit, continua d’aller.

Maintenant la forme paraissait se dissimuler derrière la pierre levée, qui la masquait complètement ; Hervé s’arrêta, attendant sa réapparition. Mais au moment où, impatienté, mécontent de lui, il se préparait à appeler, à se faire reconnaître, un murmure sembla sourdre derrière lui, venant de terre.

Il se retourna et vit la femme à genoux, les mains jetées tantôt à droite, tantôt à gauche, bourdonnant d’incompréhensibles paroles : c’était Yvonne.

Il s’approcha d’elle, décontenancé :

— Que fais-tu là, petite sœur ?

Elle leva la tête, chercha une seconde, paraissant écouter ; puis fit, étonnée :

— Sa voix !… Sa voix est près de moi, tout près !… Elle m’accompagne, elle vole dans l’air !…

Allait-elle le reconnaître ? Était-ce une éclaircie