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Il s’efforçait de ramener son attention sur Mariannik, sur ce qu’il venait de surprendre de son observatoire de la Salle Verte, s’en voulant de s’être sottement caché, de l’avoir évitée au lieu de chercher à la rencontrer.

— Où diable est-elle passée ? grogna-t-il en sondant de nouveau les alentours de ses prunelles aiguës.

Une envie de la retrouver, d’avoir avec elle une explication décisive, là, dans cette solitude de la lande, fermentait en lui comme une liqueur de feu, incendiant son cerveau.

Il ne voyait rien, se trompant à des objets que la tombée du jour dénaturait, leur donnant des figurations d’êtres animés, et fit, acharné :

— Elle ne peut être loin, cependant.

Ses pieds foulèrent plus rapidement le sol, écrasant les bruyères, les genêts, les ajoncs mêlés aux ronces, aux rudes mousses glissantes, aux fleurs rose pâle des églantiers sauvages ; mais un parfum vague, d’une exquise délicatesse, montait de tous ces végétaux, arôme dégagé par le broiement brutal des tiges minces, des feuilles tendres, des calices odorants, et c’était comme une grisante caresse tentant de l’envelopper, de l’engourdir, les effluves aimés de la terre d’origine.

Il apercevait les premières maisons de Lagatjar, le pauvre village situé le long de la route, à peu près à mi-chemin entre la pointe de Pen-Tir et