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superbement le retentissant bouillonnement de chaudière des flots rugissant à la base de ces écueils cyclopéens.

Là, le jeune homme n’avait pas à craindre d’être découvert ; au-delà de l’anse profonde, il apercevait en levant la tête la bouche du canon qui sert aux signaux du sémaphore, et une partie du mât ; mais, lui, on ne pouvait le voir d’aucun point.

Peu à peu il s’engourdissait dans la contemplation de cette mer hurlante, de ces montagnes d’eau s’écrasant en gerbes folles contre la base noire des rochers, roulant du Grand-Dahouet au Petit-Dahouet, du Bern-Id au Chelott, et venant balayer la roche Pen-Glaz ; il se plaisait à retrouver les noms de ces écueils monstres, un des spectacles les plus tragiques et les plus saisissants du Finistère.

Sous ce ciel gris, sans soleil, la mer semblait remuer une houle d’indigo, et une sauvagerie intense se dégageait de cette lutte des éléments, où les cris des oiseaux jetaient des appels désespérés, une sorte de râle déchirant de noyés perdus en mer.

L’esprit de Guivarcʼh se complut, sans qu’il s’expliquât pourquoi, dans cet enveloppement d’horreur et de tristesse, où il crut retrouver l’émotion terrible de ses deux naufrages.

Une barque s’engageait entre les deux Tas de Pois les plus éloignés ; il planta ses prunelles