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gagea sur la pente vertigineuse avec une adresse et une souplesse de marin.

En continuant de marcher prudemment, il atteignit après quelques secondes d’escalade une espèce de porte, formée par un gros bloc de rocher, tombé du haut de la falaise, retenu en équilibre entre deux aspérités, se faufila dessous courbé en deux, et prit pied dans un minime demi-cirque tout tapissé de fougères, de plantes, qui lui ont mérité ce nom de Salle Verte.

On peut se croire là isolé du monde entier, ayant derrière soi et de chaque côté l’énorme falaise granitique formant les murs formidables de cet asile incomparable, qui se trouve comme suspendu en nid d’oiseau de mer, à plus de trente mètres du niveau de la mer toujours furieuse et écumante en cet endroit.

En face, Guivarcʼh retrouvait l’étonnant spectacle qu’il avait vu si souvent étant enfant, sans y prêter grande attention, et qu’il revoyait avec l’indifférence d’art et de pittoresque du pêcheur ou du marin : la pointe géante de Pen-Tir, avec, comme avancée, ces cinq massifs terribles, taillés en îlots pointus, escarpés, ar berniou pez, les Tas de Pois, seulement habités par des milliers d’oiseaux, goëlands, mouettes, cormorans, gwilous, perroquets de mer, qui voltigent continuellement au milieu de toutes ces pointes de roc lavées d’écume, et dont les cris rauques accompagnent