Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une mourante, comme d’une chose qui lui porterait malheur, et il prétexta une affaire pressée :

— J’étais venu, une minute, pour te serrer la main. Bien sûr, je reviendrai.

Il se sentait tout troublé à cette pensée de revoir sa cousine en ce moment où il avait l’esprit plein d’elle et où il eût voulu lui ouvrir son cœur ; là, devant ce lit de mort, cela le fit frissonner.

Il partit presque en se sauvant.

Sa grande crainte, à présent, c’était de la rencontrer, d’être ainsi jeté à une explication, de provoquer quelque scène terrible qui précipiterait les choses, tuerait peut-être son espérance.

Sur cette lande plane, déserte, forcément il allait se trouver en face d’elle ; dans l’éloignement déjà il lui semblait apercevoir quelqu’un ; pour l’éviter, il se dirigea le long de la côte, tout près du sémaphore, se rappelant une sorte d’abri taillé par la nature dans le granit, une des curiosités du pays, la Salle Verte.

Un glissant sentier de chèvres dégringole de la crête des falaises, semble se jeter dans l’abîme, côtoie un instant le précipice, quelques mètres plus bas, pour remonter un peu entre la muraille à pic se dressant à gauche et le gouffre de l’Océan laissant juste la place du pied.

Hervé découvrit assez facilement ce chemin, d’un abord presque impraticable, rendu dangereux par les mousses et les herbes qui l’envahissent, et s’en-