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choses abandonnées. Guivarcʼh poussa la porte ; un homme était là, assis près d’une table, la tête dans ses mains, et qui ne bougea même pas à son entrée.

Il le regarda interdit, ne distinguant qu’une chevelure noire en désordre, une barbe de huit jours sur les joues. Était-ce son ancien camarade ; il appela doucement :

— Yves !… Yves Dagorn !…

S’étant rapproché davantage, il remarqua une figure boursouflée, rougie, des yeux perdus de larmes, avec certains traits remuant en lui de lointains souvenirs ; il murmura, un peu déconcerté :

— Ce n’est pas lui !… Pourtant !… Mais si !…

L’homme s’agita ; il laissa retomber ses mains à poings fermés, d’un choc qui sonna sur le coin de la table, et une voix rauque, mangée de douleur, gronda :

— Qu’y a-t-il encore ?

— C’est moi… moi, Jean-Marie-Hervé Guivarcʼh, ton ami !…

Dagorn se leva si violemment que sa chaise roula derrière lui ; il avait fait deux pas en arrière, soudain blêmi, un cri d’horreur aux lèvres, comme s’il eût assisté à une chose effrayante :

— Oh !… oh !…

Puis, douloureusement, en plainte de cauchemar :