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aboutir au poste sémaphorique de Pen-Tir, tandis qu’une autre se relie au sémaphore de Pen-hat.

Sous les grosses chaussures du pêcheur, les épines, les ronces s’écrasaient, ainsi que les mousses rudes qui parviennent à pousser sur cette terre granitique, à travers laquelle le roc perse de toutes parts ; il allait, prêtant par moments l’oreille à la musique ronflante et aiguë, à sonorité de harpe éolienne, que le vent tirait du fil métallique tendu de poteau à poteau, écoutant la grosse voix de basse de la mer.

Après avoir contourné les déchirures abruptes de la falaise, les fentes géantes que l’Atlantique a creusées, taillées dans la pierre bretonne, il arriva enfin à la maisonnette blanche, au-dessus de laquelle la machine à signaux dressait ses bras noirs, ses articulations semblables à de monstrueuses antennes d’animal antédiluvien, tandis que le grand mât avec ses cordages, planté devant le poste, donnait au sémaphore l’aspect d’un navire immobilisé sur cette pointe escarpée.

Autour du logement principal, quelques constructions qui en dépendaient, un petit mur bas enfermant dans son enceinte un poulailler, une cahute pour serrer des provisions, des outils ; çà et là des poules picorant gravement en compagnie d’un goëland apprivoisé, dont le cri aigu sonnait en trompette d’appel. Du reste, à part ces animaux, pas un bruit, aucun mouvement, le silence des