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lérable, et sentait le besoin de hurler aux vents sa peine, de se débarrasser du fardeau qui lui écrasait le cœur.

Tout à coup l’idée lui vint d’aller voir un camarade d’autrefois, qu’il n’avait pas encore rencontré à Camaret, un de ceux avec lesquels il avait joué, enfant, à peu près de son âge et son préféré, Yves Dagorn, maintenant gardien du sémaphore des Pois.

Réjoui par cette pensée, il s’achemina dans la direction de Pen-Tir, buttant parfois dans les innombrables pierres tranchantes, dont la lande déserte est littéralement semée sous de courtes ronces, et se demandant comment il se faisait que depuis son arrivée à Camaret, depuis ce retour qui avait fait un tel bruit dans tout le pays, ce Dagorn, un franc et gai compagnon, n’eût pas encore cherché à le revoir.

L’endroit où il se trouvait était déjà formidablement élevé au-dessus du niveau de la mer, dont les lames énormes roulaient bruyamment dans la profondeur des grottes et les déchiquetures de la côte ; pourtant le terrain s’élevait encore, formant une légère montée, avant de se terminer à la monstrueuse coupure à pic qui sépare le continent du premier des Tas de Pois, celui qu’on nomme le Grand-Dahouet.

Il suivit directement la ligne des poteaux du télégraphe, venant de la route du Crozon et allant