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qu’il essayait de se faire reconnaître, lorsqu’il l’entretenait de Mariannik, de mariage, elle ne comprenait pas, retombait dans ses extases mystiques, dans ses rêveries, dans le milieu de personnages étranges que lui créait sa folie.

Elle ne parlait jamais que d’un Jean-Marie-Hervé, le petit mousse de treize ans, dont elle avait gardé en elle l’inaltérable image, le gamin joueur et innocent de son enfance : pour elle, il n’en existait pas d’autre.

Hervé Guivarcʼh, tel qu’elle le voyait chaque jour depuis son retour, n’était donc nullement son frère à ses yeux ; elle se refusait même à prononcer, en lui adressant la parole, ce nom d’Hervé, qu’elle entendait les autres lui donner et qui lui faisait secouer la tête avec un sourire de dénégation.

Par contre, l’appellation le Revenant sembla lui plaire, la première fois qu’elle frappa son oreille, et elle l’employait de préférence, paraissant y attacher quelque mystérieuse idée.

Des mots, des phrases, avaient trahi sa secrète pensée, c’était pour elle un personnage de ses rêves, soudain retrouvé, reparu sur la terre d’Armor, un héros des vieilles légendes bretonnes de Cornouailles.

Quand cet homme à barbe blonde, à mine hardie, était, un soir, tombé d’où elle ne savait, au pied des dunes de Pen-hat, elle avait eu un grand saisissement, et un nom merveilleux avait traversé