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L’usine entière bourdonnait comme une ruche sous la surveillance et la conduite de sa reine ; vives, les mains plongeaient à même le sel et les écailles d’argent, pour saisir le poisson, dont la tête et les entrailles sautaient du même coup sous les couteaux de bois usités pour ce travail ; puis, c’était le lavage à grande eau pour débarrasser la sardine de toute souillure, l’exposition de quelques instants sur les claies de fil de fer, où elle doit sécher.

D’autres, incessamment, plongeaient au fur et à mesure ces paniers à claire-voie dans des bassines d’huile bouillante pour faire frire un moment le poisson ; une fois égouttés, ils étaient renversés sur de longues tables de bois de chaque côté desquelles se tenaient assises des ouvrières occupées à ranger en tas serrés les sardines dans les boîtes.

Il ne restait plus alors qu’à les porter sous les robinets d’huile pour les emplir et à les remettre, dans la pièce attenante, aux soudeurs, des hommes qui, les outils en main, n’arrêtaient pas de fermer hermétiquement les boîtes.

Yvonne terminait la ballade :

Elle se jeta à deux genoux et ne se releva plus !
Deux chênes s’élèvent sur leur tombe,
Et deux colombes blanches sur les branches.

Aucune ne semblait s’apercevoir de l’odeur écœurante au milieu de laquelle elles se trouvaient