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ses roches sombres où hurlent continuellement les vents du grand large.

La plus longue partie de sa vie, comme celle de la plupart de ses compatriotes, s’était passée sur mer, avant qu’il fût venu prendre un repos bien gagné dans ce petit port de Camaret, où il était fixé depuis une dizaine d’années.

Mais auparavant, quelle dure existence, que de luttes, d’aventures !

Né en 1827, à Lescoff, à deux pas de la pointe du Raz et de la baie des Trépassés, d’une famille de pêcheurs originaire d’Audierne, il partait comme mousse à seize ans, restait vingt-deux ans sur mer, faisant les campagnes de Grèce, du Sénégal, de Crimée, de Chine, du Mexique, d’Italie, atteignant le grade de maître et recevant la croix en récompense de ses exploits, services et faits d’armes ; puis prenait sa retraite en 1868, passait comme garde maritime d’Audierne à l’Aber-Vracʼh, avant d’obtenir enfin le poste de maître de port à Camaret, vers 1878. Il n’en avait plus bougé.

Aussi leste, aussi robuste que s'il ne dépassait pas la soixantaine, il s’habillait rapidement et silencieusement pour ne réveiller personne dans la maison, ayant conservé de ses années de service cette habitude de se lever tôt, mais respectant le sommeil de sa fille Mariannik et de sa nièce Yvonne, qui couchaient dans une pièce voisine.

— Oh ! diable ! s’exclama-t-il à mi-voix en en-