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à tout petits plis serrés, et la teinte un peu jaunissante des conjonctives zébrées de veinules rouges.

La chemise de grosse toile collait à des épaules maigres mais très larges, trahissant une charpente osseuse particulièrement développée, tandis que des mains aux noueuses phalanges, sillonnées de grosses veines en relief, achevaient de boucler une courroie de cuir autour de la ceinture du pantalon vivement enfilé. La taille était moyenne, la poitrine proéminente, les jambes robustes et sèches.

Un air de grand oiseau de mer, ce Pierre Guivarcʼh, avec sa petite tête, aux cheveux blancs, en brosse, hérissés à la manière de plumes ; ses longs bras ballants de chaque côté du corps figuraient assez exactement le maladroit ballottement des ailes du goéland posé en terre, qu’accentuait encore le dandinement marin de sa marche.

Rien qu’à le voir on pensait tout de suite qu’il avait dû venir au monde dans quelque creux de falaise, au milieu de l’embrun des vagues, sous le sauvage baptême de l'écume marine, et que, suivant l’énergique métaphore du pays, il était né avec de l’eau de mer autour du cœur (Dour vor èn dro è halon).

C’était vrai, car il venait du Raz, de cette pointe farouche qui fait face à la fameuse île de Sein, de ce rude morceau de Cornouailles, enfoncé comme un coin de fer en plein océan et bravant l’immense lame de l’Atlantique de ses granits déchiquetés, de