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sa cousine ; il lui semblait impossible que cet amour ne fut pas réciproque, qu’elle ne vint pas à lui comme il allait à elle ; c’était sa parente, elle était de son sang, de sa famille, elle lui appartenait : en la prenant, on la lui volait.

Jusqu’alors, en dépit de ce qu’il avait surpris, de ce qu’il avait entendu dire dans Camaret, il savait bien que rien de définitif n’avait été prononcé entre son oncle et Corentin, entre ce dernier et sa cousine ; aussi espérait-il beaucoup.

Mais lui-même n’avait pas encore osé parler, rien révéler de cet âpre désir brûlant sa poitrine ; il enveloppait Mariannik de sa secrète passion sans l’avouer autrement que par ses prévenances, son affection, la chaleur de ses paroles. Elle devait deviner, le comprendre.

Les jours passant et n’amenant aucun événement, il s’était juré de s’en ouvrir directement à Garrec, à la première occasion. Dans les pays où il avait vécu, cela s’arrangeait ainsi entre hommes ; à eux de s’expliquer, de se battre au besoin, l’un supprimant l’autre. Un tas de mœurs sauvages dont le souvenir le dévorait, remontait en lui, en bouillonnements de lave volcanique.

Devant la calme simplicité des réponses de Corentin, il ne savait que dire, honteux de sa fureur, de sa jalousie, il insinua :

— Et si elle ne t’aime pas ?

Un large rire ouvrit la bouche de Garrec, mon-