Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Que c’est une belle fille, voilà !

— Ah !

— Une bonne fille aussi, comme on en voudrait une pour femme.

— Alors, c’est pour toi que tu parles, hein ? fait Hervé, une colère s’amassant au fond de ses yeux troublés, et ses doigts se crispant à la barre.

— Cela t’offenserait donc, que je veuille ta cousine pour femme ?

Il est tout étonné de cette flamme méchante qui jaillit des prunelles de son camarade et tombe sur lui. Guivarcʼh ne répondant pas, il poursuit :

— Mais il y a déjà longtemps de cela ! Tu n’étais pas ici, que j’y songeais !…

À cette allusion à son absence, le Revenant baissa la tête, tout assombri, et ses dents se serrèrent.

Oui, il gênait, il le sentait bien, et cela remuait de la haine dans son cœur, qu’on semblât le considérer comme un intrus. Pourtant, on ne pouvait pas l’empêcher de venir prendre sa place au pays natal, de vouloir aussi sa part d’air, de soleil, de bonheur, de vie dans cette société. Il se révoltait, se refusait à admettre que c’était lui qui, volontairement, pour des raisons inconnues, s’en était exilé durant tant d’années. Oh ! ce naufrage maudit ! Sans ce naufrage !…

Tout, il eût tout accepté, tout enduré ; mais quand ses passions étaient en jeu, il se rebellait. Cette fois, c’était de l’amour qu’il ressentait pour