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rien ne reposait, des bruyères roses et rouges, des ajoncs d’or, toute une moisson parfumée cueillie dans la lande ; elle chantait le « Chant des Trépassés » :

Quand la mort frappe à la porte,
Tous les cœurs sont frappés d’effroi ;
Quand à la porte se présente la mort,
Qui la mort doit-elle emporter ?

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Son frère se mordit les lèvres, l’épiderme subitement caressé comme par un vent de mort, en écoutant cet air lugubre, dont les paroles sonnaient si sauvages et si rudes :

Pa sko ar Maro war ann nor,
Stock or c’halonou . . . .


Il tenta une épreuve, et, tout bas, insinua :

— Il n’est pas là, ma petite Yvonne, ton Jean-Marie-Hervé !

Elle sourit mélancoliquement, secouant la tête, et répondit, poursuivant la funèbre chanson :

Un drap blanc et cinq planches,
Un bourrelet de paille sous la tête
Et cinq pieds de terre par-dessus,
Voilà les seuls biens de ce monde qu’on emporte au tombeau !

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