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Quelques jours lui suffirent pour aménager sommairement sa maisonnette et achever l’appareillage de sa barque. Maintenant elle flottait en face de l’hôtel de la Marine, ses voiles neuves passées à la teinture et prenant l’air, peinte à neuf, reluisante de propreté. À l’arrière un nom se détachant en blanc sur le noir des planches vernies : Marie-Anne, un hommage à sa cousine Mariannik, sous le patronage de laquelle il la plaçait, et, comme numéro d’ordre, également répété sur les voiles, celui que le sort de l’inscription lui avait donné : 888, trois chiffres semblables, dont l’originalité ne lui déplaisait pas.

Il avait fallu peu de temps pour qu’il se remît ou, plutôt, parût se remettre au courant des habitudes, de la vie simple et peu mouvementée des pêcheurs ; les uns après les autres, ceux qui l’avaient connu autrefois étaient venus renouer connaissance avec lui, ayant une certaine fierté naïve à se montrer le camarade de celui que, dans tout le pays, on n’appelait plus que le Revenant.

Quelques-uns avaient d’abord résisté, ne voulant pas croire à la possibilité d’un pareil événement ; mais, peu à peu, ils avaient bien dû se rendre à toutes les bonnes raisons données, aux souvenirs d’enfance rappelés par Hervé, à l’évidence.

Pierre Guivarcʼh avait formellement reconnu son neveu ; d’autres retrouvaient en lui les traits de la famille, Balanec, entre autres, qui avait juré,