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On les reconnaît à leur longueur, à la manière dont elles sont taillées pour la course, pour résister aux grosses mers, car, tandis que les Camaretois ne passent généralement que quelques heures en mer, il arrive aux Douarnenéziens d’y rester trois ou quatre jours sans rentrer. On les distingue aussi à leur mâture, les deux mâts un peu inclinés vers l’arrière, ainsi qu’à leur gréement plus compliqué, nécessitant d’amener les voiles chaque fois qu’ils veulent virer de bord. Les Camaretois ont des mâts tout droits et peuvent passer d’un bord à l’autre sans amener la toile.

Pressées, ardentes, elles viennent tour à tour déposer au quai les paniers ronds, dans lesquels on entasse les sardines, deux cents par panier.

Toute la cale est pleine du poisson d’argent, d’azur et d’émeraude, qui forme un merveilleux entassement d’écailles splendides et envahit tout le fond de la barque ; les pêcheurs prennent à deux mains, à même dans le tas, et comptent rapidement en les jetant dans le panier en forme de boule ; puis le panier est plongé dans la mer, égoutté et passé à ceux qui, sur le quai, les saisissent pour aller aux usines.

Parmi les plus favorisés, Tonton Corentin est rentré l’un des premiers, avec un chargement de 10.000, une journée de 350 francs.

Avidement, Hervé Guivarcʼh, penché sur le bord extrême du quai, plonge ses regards dans le ventre