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CHAPITRE I.

comme les temples de l’humanité, qui doivent être respectés et protégés par le vainqueur ? La voix d’une politique inquiète devrait-elle l’emporter sur le cri de la sensibilité qui réclame des droits si sacrés ? Dans un siècle où l’on a tant gagné du côté de l’esprit et des lumières, ne devrait-on pas prouver qu’on n’a rien perdu du côté du cœur et des sentiments, et le moment ne serait-il pas venu d’établir parmi les nations une convention réclamée par l’humanité[1] ? » — Le souhait de M. de Chamousset ne fut pas exaucé, et ceux qui partageaient ses sentiments durent s’armer de patience pour attendre des temps meilleurs.

Pourtant Peyrilhe, qui connaissait le traité de 1743, écrivait encore en 1780 : « Aujourd’hui, les souverains ne devraient-ils pas convenir entre eux, par une loi non moins sacrée que celle de prendre soin des malades ennemis faits prisonniers, que les hôpitaux militaires seront, de part et d’autre, des asiles inviolables pour les malades et pour ceux qui les servent ; qu’ils seront regardés comme des sanctuaires dont il n’est pas permis d’approcher les armes à la main ; enfin, que ceux qui les habitent ne se-

  1. Œuvres complètes de M. de Chamousset, II, 15.