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APPENDICE.

« bardée de fer ; » à de rares intervalles, on y ajoutait une ou deux bouchées de viande. Plus tard encore, les prisonniers reçurent chaque semaine une pinte de pois noirs avec un peu de vinaigre ; souvent les pois étaient pleins de vers qui nageaient sur la soupe.

Ceux qui ne pouvaient rien attendre de leurs amis ou de leurs familles, et qui relevaient entièrement du régime de la prison, commencèrent bientôt à souffrir l’horrible agonie de la faim. Leurs forces diminuaient de jour en jour ; leurs esprits étaient troublés par des rêves et des cauchemars. Le capitaine Calhoun dit qu’il éprouvait à l’estomac comme une sensation de brûlure : « J’étais devenu si enfant, dit-il, que je me reprochais de n’avoir pas mangé davantage pendant que j’étais chez moi ; l’idée de manger absorbait toutes mes pensées. »

Le capitaine Stevens, ayant reçu de sa famille une caisse de provisions, mangea avec une telle voracité, qu’il en mourût. Un jour, ayant réussi à déplacer une planche du plancher, les prisonniers purent atteindre la cave, et là ils trouvèrent des provisions en abondance, dont ils mangèrent avec avidité, jusqu’au moment où la chose fut découverte. Mais ce qu’il y eut de plus horrible, c’est que