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INTRODUCTION.

Les abus regrettables que cite l’auteur à l’appui de sa thèse, peuvent être vrais, nous ne les contestons pas, mais sa conclusion nous semble entachée d’exagération. C’est à tort, selon nous, qu’il se montre aussi sévère et aussi absolu dans son appréciation. Il est incontestable, que même à la guerre, notre conduite est moins barbare que celle de nos aïeux ; il y a telle cruauté devant laquelle ils trouvaient naturel de ne pas reculer et dont tout soldat rougirait aujourd’hui, et si l’on ose encore se permettre certains actes répréhensibles, qui tombent sous le coup de la loi morale, du moins ils deviennent de plus en plus rares à mesure que la conscience publique s’éclaire, à mesure que le droit véritable reprend son empire.

M.  Leroy-Beaulieu, dans le passage que nous avons reproduit, fait toucher au doigt le côté faible du droit des gens. Comme il n’a jamais reposé que sur des usages traditionnels, qui se modifient peu à peu sans jamais être formellement abolis, l’on a jusqu’à un certain point la faculté de se prévaloir du vague dont il est enveloppé pour se mettre