Page:Gustave Moynier - Etude sur la convention de Genève pour l'amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne (1864 et 1868).djvu/359

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
345
APPENDICE.

moclès restera toujours suspendue sur la tête des malheureux prisonniers.

Il faut reconnaître néanmoins que, sous l’influence des idées modernes, de grands progrès ont été accomplis. Vattel se félicitait déjà de ce que de son temps (vers 1780) « les nations de l’Europe, toujours louables dans le soin qu’elles prennent d’adoucir les maux de la guerre, avaient introduit à l’égard des prisonniers des usages humains et salutaires[1]. » On a cessé de les maltraiter ; si on les fait travailler, ce n’est plus comme des esclaves ou des criminels, mais afin de trouver dans le produit de leur travail une indemnité, pour les frais qu’ils occasionnent ; leur captivité cesse de droit avec la guerre, sans échange ni rançon ; les officiers sont ordinairement laissés libres sur parole dans l’enceinte de la ville qui leur est assignée pour résidence ; on a pour tous, sans distinction, les égards qui sont dus au malheur, et, quand cela est nécessaire, la charité privée leur vient en aide. On se rappelle, par exemple, tout ce qu’a fait le prince Demidoff pendant la guerre de Crimée, pour faciliter aux prisonniers des deux partis la correspon-

  1. Vattel, le Droit des gens, liv. III, chap. viii, § 153.