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APPENDICE.

mauvaise foi firent naître trop souvent, et des prétentions exagérées qui se manifestèrent à son occasion.

Enfin vinrent les échanges, reposant sur le principe d’une contre-valeur calculée d’après le nombre, le grade, et quelquefois l’importance personnelle des prisonniers, les différences se compensant par des équivalents pécuniaires ou autres[1]. Les chefs d’armées conviennent eux-mêmes par cartels des conditions de ces échanges, qui peuvent avoir lieu même pendant la durée des hostilités.

Ces divers usages ne se sont point succédé avec une régularité absolue, et souvent on les a vus coexister pendant de longues périodes, au cœur même de la civilisation. Cela n’a rien de surprenant si l’on réfléchit que tous reposaient sur une base commune, et qu’ils impliquaient tous, pour le vainqueur, le droit de disposer sans réserve de la personne de son ennemi vaincu. Les faits l’ont surabondamment prouvé.

Un progrès véritable, fondamental, ne s’est accompli dans les mœurs militaires que le jour où, il n’y pas longtemps encore, la notion même de la guerre s’est transformée. Depuis

  1. Heffter, Droit intern. public de l’Europe, § 142.