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APPENDICE.

hélas ! telle que l’Europe elle-même l’a connue par intervalles au commencement de ce siècle, sans que ceux qui la pratiquaient eussent, comme on l’a judicieusement observé, l’excuse des cannibales qui, eux du moins, tirent un profit direct et immédiat de la mort de leurs ennemis.

Peu à peu le vainqueur s’habitue à l’idée d’épargner le vaincu. Il a réfléchi qu’il lui serait plus avantageux de le faire travailler que de le tuer, et il l’épargne par une clémence intéressée ; il en fait son esclave. C’est un premier progrès.

Mais l’institution de l’esclavage à son tour devait disparaître aussi. Dès lors, que faire des prisonniers ? Il fallut chercher une autre manière de disposer de leur sort, et l’idée du rachat se présenta naturellement. La perspective d’une indemnité en argent devait sourire à des chefs qui, souvent, pour la solde de leurs troupes, étaient réduits à compter sur le butin de l’ennemi bien plus que sur leurs propres ressources. L’usage de la rançon s’étant généralisé, les captifs devinrent une source importante de revenu. Chaque prisonnier traitait pour son compte personnel, en quelque sorte de gré à gré. L’adoption de cette coutume, moins cruelle