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APPENDICE.

nuls, il est difficile de ne pas être frappé de ce qu’il y a eu d’inconséquent à ne pas interdire, en même temps que les balles explosives, des engins qui, quoique réprouvés par la conscience moderne, sont en grande faveur auprès des hommes de guerre d’aujourd’hui. — Nous avons déjà dit quelques mots des balles coniques. M. LeRoy-Beaulieu, après avoir établi la gravité relative des blessures qu’elles occasionnent ajoute : « Ne doit-on pas se demander s’il n’y a pas là un raffinement de cruauté inutile ? Qu’exigent les nécessités de la lutte ? Que l’on mette hors de combat le plus grand nombre d’hommes possible. Si on peut le faire au moyen de blessures légères, que quelques mois guériront, pourquoi produire des blessures effroyables, devant lesquelles la chirurgie reste impuissante ! De telles exagérations meurtrières ne peuvent être acceptées par une civilisation comme la nôtre. Cette férocité inutile mérite d’être flétrie et repoussée[1]. — On se prend à sourire, en lisant dans Martens que le droit des gens défend de charger un fusil avec deux balles[2], quand on songe à l’activité fébrile dé-

  1. Ouvrage cité, 35.
  2. Martens, ouvrage cité, § 273 ; — Landa, ouvrage cité, 105.