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APPENDICE.

science de l’humanité, voilà ce que doit rejeter le moderne droit des gens.[1] »

L’étude de cette question nous avait conduit à recueillir à son sujet des opinions fort opposées, qu’il est peut-être intéressant de rapprocher ici de l’œuvre de la commission militaire.

La plus contraire aux idées qui ont définitivement prévalu est celle du général prussien de Clausewitz. « Des esprits philosophiques, a-t-il dit, pourraient concevoir l’existence de quelque méthode artificielle pour désarmer ou terrasser un adversaire sans lui infliger trop de blessures, et voir dans cette idée la vraie tendance de la guerre. Quelque spécieuse qu’en soit l’apparence, il importe de détruire cette erreur, car dans une chose aussi dangereuse que l’est la guerre, ce sont précisément les erreurs résultant de la bonté d’âme, qui sont les plus pernicieuses… Jamais on ne pourra introduire un principe modérateur dans la philosophie même de la guerre sans commettre une absurdité[2]. »

Heureusement nous avions pu opposer à cette manière de voir, celle du docteur Landa de

  1. L’économie de la paix, 116.
  2. De Clausewitz, de la Guerre, I, 5.