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COMPLÉMENT DE LA CONVENTION.

tions de ses rédacteurs, on a exprimé la crainte qu’elle ne vînt se heurter dans la pratique à une infinité d’obstacles de détail[1]. On a même accentué davantage ces appréhensions, en disant que la Convention n’est applicable qu’aux guerres politiques, alors que deux armées sont aux prises au sein de populations indifférentes ou terrifiées. Dans des guerres nationales, quand tout un peuple se lève pour la défense de ses foyers, comment empêcher les manifestations brutales d’une juste colère de la part de populations surexcitées, et faire dominer chez elles le sentiment du droit ou celui de l’humanité ? C’est une illusion, les guerres de la France en 1793, celles de l’Allemagne en 1813 en font foi[2].

On peut répondre à cela que, de 1813 à 1869, les mœurs ont bien changé ; que les guerres nationales deviennent de moins en moins probables ; que les haines se sont apaisées et que les caractères se sont adoucis. Nous tenons d’ailleurs pour certain, qu’en cas de guerre, les souverains donneraient aux chefs de leurs armées des instructions conformes à la teneur de

  1. La charité sur les champs de bataille, n° de février 1869. — Michaëlis (dans l’Allgem. militärärztliche Zeitung.).
  2. Conf. de Paris, II, 115.