Page:Gustave Moynier - Etude sur la convention de Genève pour l'amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne (1864 et 1868).djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
302
CHAPITRE III.

La réflexion, que le maréchal Marmont faisait au sujet des soldats, est également vraie pour les signataires de la Convention. « Dans les pays, a-t-il dit, où l’élévation des sentiments, la délicatesse des mœurs, la dignité du caractère, ont exclu les punitions corporelles, il est important de faire entrer le plus possible l’opinion dans les punitions[1]. »

Les coupables ne sauraient d’ailleurs se flatter d’échapper à ce châtiment, aujourd’hui que les comités de secours sont placés en observation comme des sentinelles vigilantes, et ne laisseraient pas passer une violation des lois de la guerre sans la signaler et la flétrir. La perspective, pour les intéressés, d’être traduits devant le tribunal de la conscience publique, s’ils manquent à leurs engagements, et d’être mis au ban des nations civilisées, constitue un frein assez puissant pour que nous nous croyions fondé à admettre qu’aucun autre ne le vaudrait[2].

Malgré cela on a mis en doute la possibilité de conformer en toute circonstance la conduite des armées aux injonctions de la loi nouvelle. Tout en rendant justice aux excellentes inten-

  1. De l’esprit des institutions militaires, 192.
  2. Landa, ouvrage cité, 21.