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CHAPITRE II.

ennemis. Cependant on a cru prendre une mesure efficace en les recommandant à l’humanité des belligérants, de telle sorte qu’on les épargnât toutes les fois que cela ne compromettrait pas le succès de la bataille. Espérons que, grâce à cette disposition, on verra désormais des ambulances s’aventurer jusque dans les eaux des combats, de même qu’on en voit sur terre parcourir les champs de bataille pendant l’action.

L’article 6 paraît établir, dans son dernier alinéa, une démarcation essentielle entre les deux genres de guerre. Il met à la neutralité, dont seront couvertes les ambulances maritimes, une condition qui n’existe point pour les ambulances terrestres ; c’est que les naufragés et les blessés recueillis par elles ne pourront plus servir pendant la durée de la guerre. Cette clause est assez singulière, car, à la prendre à la lettre, il en résulte qu’un belligérant ne peut secourir ou transborder ses propres marins, naufragés ou blessés, sans se priver par cela même de leur concours ultérieur. Sur terre un blessé guéri rentre dans les rangs s’il n’a été fait prisonnier ; sur mer il semble que cela soit défendu. Nous sommes tentés d’attribuer cette anomalie à un défaut de rédaction et nous croyons