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CHAPITRE II.

fient. Cinquante ans plus tôt il eût pourtant été prudent de ne pas donner ce conseil, car, si l’on en croit un historien, dans les guerres de la République française « les marques distinctives que portaient les ambulances, destinées à faire mieux apercevoir aux blessés les divisions de service sur le champ de bataille, furent bientôt connues des batteries ennemies, qui dirigeaient une partie de leurs coups contre ce nouveau genre d’audace. Il fallut dès lors renoncer aux signes trop visibles du parcours des ambulances volantes, qui revenaient souvent veuves de ceux qu’elles avaient conduits à la portée des projectiles[1]. » Ainsi l’on peut, à l’aide de ces indices, suivre la marche du progrès humanitaire pendant le dix-neuvième siècle, puisqu’une mesure charitable, dangereuse au début, était désirable vers 1856, et qu’elle est devenue nécessaire depuis qu’en 1864 les souverains se sont engagés réciproquement et formellement à respecter tout le service sanitaire. Pour que cette dernière prescription soit observée, il faut bien que l’on puisse discerner sans peine les personnes et les choses qu’elle concerne. De là l’adoption d’un brassard et d’un

  1. Gama, ouvrage cité, 310.