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COMMENTAIRE DE LA CONVENTION.

§ 8. Ces précautions prises, a-t-on paré à tout ce que pourrait avoir de nuisible le renvoi des blessés ? Oui, disent les uns ; non, répondent les autres ; et comme, dans les conférences de 1864 et de 1868, on n’a pas voulu aller au delà de ce que concédaient les Puissances les plus timorées, afin d’obtenir l’assentiment unanime, que l’on considérait comme une chose capitale, on a inséré dans la Convention des clauses plus restrictives que celles dont nous venons de parler.

La divergence de vues, qui se manifesta à ce sujet, ne provient pas de plus ou moins de sollicitude pour les blessés, mais seulement de ce que les uns sont disposés à sacrifier dans quelques cas les intérêts militaires à ceux de la philanthropie, tandis que les autres ne veulent les compromettre en aucune manière. Ces derniers ont raison, selon nous, et agissent sagement en demandant que l’on ne crée pas aux chefs d’armées des obligations incompatibles avec l’intérêt majeur de la victoire, qui leur est confié. Si la Convention n’était pas assez souple pour se prêter à toutes les éventualités, elle deviendrait suspecte à ceux qui seraient chargés de l’appliquer ; puis, à la première occasion où elle leur serait une entrave par trop