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CHAPITRE II.

des mœurs barbares. Elle serait de plus directement contraire au but de la Convention.

Le problème consiste à trouver le moyen de neutraliser les blessés, sans que leur neutralité soit dommageable à l’ennemi qui les a recueillis et soignés.

§ 6. Remarquons d’abord que la difficulté n’existe pas pour les individus atteints de blessures graves qui les rendent à tout jamais, ou pour longtemps du moins, impropres au service militaire. Ceux-là on peut les renvoyer sans avoir rien à redouter de leur présence dans le camp opposé. On a même cru devoir les préserver contre le désir trop vif que l’on aurait de s’en débarrasser, et qui conduirait à les libérer avant qu’ils fussent en état de supporter le voyage. Ils ne seront renvoyés qu’après guérison.

Les partisans de la neutralité complète ont contesté l’utilité de cette distinction entre les hommes grièvement ou légèrement blessés, entre ceux qui seront ou ne seront pas incapables de servir après guérison. Les dernières guerres, ont-ils dit, notamment celles de 1850 et de 1866, prouvent qu’avec les engins meurtriers dont on se sert aujourd’hui, une campagne est si vite terminée qu’aucun blessé n’est