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COMMENTAIRE DE LA CONVENTION.

trouverait beaucoup moins affaibli qu’il ne l’est d’après l’usage actuel.

N’y aurait-il pas aussi autre chose à redouter ? « S’il suffit d’avoir une légère blessure pour être neutre, un officier supérieur peut avoir été soigné pendant quinze jours ou trois semaines par l’armée ennemie, pour une plaie peu grave, recueillir pendant ce temps mainte information stratégique importante, puis s’en retourner à son armée, prenant en route une connaissance attentive des positions ennemies ; vingt, trente blessés, semblables, revenus chez eux, deviennent ainsi ensemble une source importante de renseignements et prennent par là le caractère d’un espionnage tout organisé[1]. »

De plus, la conséquence logique d’un tel système serait, qu’en présence de l’interdiction de faire des blessés prisonniers, et du besoin de restreindre le nombre des combattants ennemis, on reviendrait forcément à l’habitude d’achever les blessés. Or une telle extrémité répugne à la conscience de notre époque, qui aspire au progrès moral plutôt qu’au retour à

  1. Appia, ouvrage cité, 141.