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CHAPITRE II.

suppression des rigueurs qui ne sont pas nécessaires[1]. »

Cette manière d’envisager la situation des blessés n’a pourtant point fait école jusqu’à présent, et l’on a persisté à admettre que, du moins dans de certaines limites, l’ancien droit des gens doit rester en vigueur. L’article 6 est devenu ainsi une sorte de compromis entre des aspirations généreuses, universellement partagées, et les nécessités militaires.

§ 5. Ce qui fait que l’on recule devant la neutralisation absolue des blessés, c’est qu’il se pourrait qu’elle eût pour conséquence la prolongation de la guerre. Chaque belligérant cherche, en effet, à diminuer, par tous les moyens licites, la force numérique de son antagoniste, qui constitue un des principaux éléments de sa puissance. S’il ne peut lui prendre ses soldats vivants, il les blesse ou les tue pour obtenir le même résultat. Mais si les blessés capturés devaient être rendus et, après guérison, rentrer dans les rangs de leur armée, on comprend que le but du combat serait en grande partie manqué, puisque l’ennemi se

  1. Moniteur universel du 29 mai 1859.