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CHAPITRE II.

1867[1] au nombre de leurs vœux. Qu’on se représente par exemple la position respective des médecins et des patients, dans un hôpital dont l’ennemi est sur le point de s’emparer. Si les premiers sont garantis par la Convention à l’exclusion des derniers, ils se trouvent avoir des intérêts différents et même contraires, puisque les uns pouvant se retirer n’ont plus aucun avantage à le faire, tandis que pour les autres, retenus sur leur lit de souffrance et dépendants de ceux qui les soignent, une prompte fuite serait le seul moyen d’échapper à la servitude. Plus d’un médecin a protesté contre cette distinction et déclaré qu’il n’accepterait la neutralité pour lui-même, que si ses blessés lui étaient assimilés. Sa position sans cela deviendrait intenable dans les moments critiques, à l’heure par exemple de paniques pareilles à celle qui se produisit le jour de la bataille de Solferino[2]. Dans l’après-midi, l’apparition des lanciers français, avec leurs uniformes blancs, fit croire à un retour offensif des Autrichiens, et les blessés à demi-pansés, cloués sur la litière des ambulances par des fractures ou des appareils

  1. 1867, I, 242 ; II, 108 et suiv.
  2. L’Armée française en 1867, 246 ; — 1867, II, 95.