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INTRODUCTION.

bien d’autres méfaits que l’on voudrait pouvoir reléguer aux premiers âges de l’histoire, mais dont, hélas ! la trace humiliante pour l’humanité a franchi le seuil du dix-neuvième siècle. La logique plaidait, il est vrai, en faveur de cette conduite, lorsqu’on partait du principe qu’on doit faire à son ennemi le plus de mal possible, que tous les moyens sont bons pour cela, et qu’un droit illimité est acquis par le vainqueur sur la personne et sur la propriété du vaincu. Or tel était l’ancien droit[1]. On était loin alors d’assimiler la guerre à ces combats singuliers où les champions rivalisaient de courtoisie et de loyauté.

Parmi les circonstances qui contribuèrent à faire prévaloir des maximes plus douces et plus humaines, on s’accorde à reconnaître que l’établissement des armées permanentes eut une influence prépondérante, en raison des facilités qu’elles offrirent pour discipliner les soldats[2]. Mais, si cette cause

  1. Wheaton, Élém. de dr. intern., II, 2. — Heffter, Droit intern. public de l’Europe, § 119.
  2. Martens, Précis du dr. des gens moderne de l’Europe,