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COMMENTAIRE DE LA CONVENTION.

Néanmoins, même pour les guerres les plus récentes, il est des narrations qui prouvent que les blessés n’avaient qu’une très-médiocre confiance dans la pitié du vainqueur. Ainsi n’est-ce pas ce qui explique la surprise qu’éprouvaient les soldats russes en Crimée, lorsque les Français leur témoignaient de l’intérêt et de la bienveillance ? Voici ce qu’en dit le docteur Scrive, médecin en chef de l’armée[1] : « À la suite des soins que nous prodiguions aux blessés russes, sur le champ de bataille et dans nos ambulances, c’était un émouvant spectacle que de voir l’étonnement profond dans lequel les mettaient nos bons traitements, et les sentiments exaltés que la reconnaissance faisait naître chez ces braves gens, trahis par la chance des batailles. En signe de leur extrême gratitude, ils nous embrassaient les mains rougies de leur sang, et rendaient au ciel, en y portant religieusement les yeux, des actions de grâces pour les bienfaits de notre secourable compassion. »

Cette conduite n’empêcha pas les appréhensions des blessés pendant la campagne d’Italie

  1. Scrive, Relation médico-chirurgicale de la campagne d’Orient, 468.