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COMMENTAIRE DE LA CONVENTION.

refuser ces soins, après avoir assuré la position de ses propres blessés et malades[1]. » À cela nous répondons que, lors même que cette observation serait fondée, il n’y aurait rien à changer à ce qui a été écrit, puisque l’on y gagnerait toujours d’avoir transformé un devoir moral en obligation stricte, et d’y avoir rendu tout le monde attentif. Puis il ne s’agit pas d’exiger que l’on relève les ennemis après les siens ; on veut que l’on ne fasse entre les victimes aucune distinction de nationalité, au point de vue de l’empressement que l’on mettra à les secourir[2].

Mais nous avons des doutes très-sérieux sur l’universalité de l’usage dont il s’agit et sur son observation rigoureuse en toute circonstance. Dans le calme de la paix, quand les passions ne sont point surexcitées, on se persuade volontiers que, chez des nations civilisées, la guerre n’étouffe pas les sentiments charitables, et que les combattants y conforment leur conduite toutes les fois qu’ils ne sont pas contraints d’agir autrement. Malheureusement les faits, pour la plupart du moins, ne concordent pas très-bien avec

  1. Heffler, ouvrage cité, § 126.
  2. Costa de Beauregard, Mélanges tirés d’un portefeuille militaire, II, 5 et 16.