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CHAPITRE II.

sur ce point spécial, il valait mieux ne pas pousser trop loin la réglementation. Il n’est cependant pas hors de propos de remarquer qu’après un engagement, c’est toujours du côté de celui qui reste maître du théâtre du combat que se trouve le plus grand nombre de blessés, amis ou ennemis, et que, comme la Convention l’oblige à les soigner avec une égale sollicitude (art. 6), le vainqueur est le premier intéressé à ce que le vaincu lui prête son concours dans ce pressant besoin. Le duc de Wellington le sentit bien lorsque, commandant en chef l’armée anglo-portugaise en 1809, au moment de la retraite d’Oporto, il eut sur les bras tous les blessés de l’armée française ; aussi fit-il demander à celle-ci des chirurgiens auxquels il accorda des sauf-conduits pour leur venue et leur retour. Le docteur Landa a rappelé que, déjà en 1187, le sultan Saladin, après s’être emparé de Jérusalem, avait permis aux chevaliers de l’Hôpital d’y venir soigner les chrétiens blessés[1].

Le docteur Löffler a tiré aussi des conclusions favorables à cette idée, de la manière dont les choses se sont passées à la bataille de König-

  1. Landa : El dcrecho de la guerra, 125.