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COMMENTAIRE DE LA CONVENTION.

tée d’assouvir son animosité, même contre des êtres sans défense.

§ 5. Afin de donner plus de force à l’expression de sa pensée, le législateur, a résumé les idées de protection et de respect que nous venons d’analyser, en disant que les ambulances et les hôpitaux seront reconnus neutres.

La justesse de cette expression est contestable, car, si l’on n’avait pas pris soin de l’expliquer en ajoutant : et comme tels protégés et respectés, une interprétation plus large aurait été parfaitement légitime. Si les ambulances et les hôpitaux étaient réellement neutres, ils ne pourraient devenir la propriété du vainqueur : ils auraient le même sort que les propriétés particulières, auxquelles le droit des gens ne permet pas de porter atteinte. Or ce n’est point là ce qu’on a voulu dire. L’intérêt des blessés, qui était toujours l’objectif présent à l’esprit des rédacteurs de la Convention, n’exigeait pas une telle dérogation aux lois ordinaires de la guerre. Il ne s’agit ici que d’une neutralité relative, conditionnelle et temporaire. On ne voit pas en effet quel préjudice un général occasionnerait aux blessés, en disposant à son gré d’un hôpital situé dans un territoire envahi par lui