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CHAPITRE II.

est-il dit, protégés et respectés. Ces deux termes se complètent l’un l’autre et tracent aux belligérants leurs devoirs respectifs. On protège ce que l’on possède ; on respecte la chose d’autrui. Chaque belligérant doit donc protection aux ambulances et aux hôpitaux qui se trouvent sur le territoire dont il est maître, quelle que soit d’ailleurs l’autorité qui les a établis. Ce devoir implique l’obligation d’empêcher que l’asile de la souffrance soit violé, que les patients soient molestés ou qu’on les sacrifie à quelque autre besoin du service de l’armée. Il comprend également les mesures préventives pour le cas d’une invasion de l’ennemi, notamment l’emploi du drapeau tutélaire dont il est parlé à l’article 7.

Quant au respect, c’est évidemment à la partie adverse qu’il s’impose et tout spécialement à l’heure de l’action. On a cru qu’il n’était pas superflu de proclamer que, même pendant un engagement meurtrier, l’homme ne doit pas perdre tout sentiment de compassion et qu’il lui est interdit de chercher à nuire à son adversaire en dirigeant ses coups contre des établissements hospitaliers. On a voulu se prémunir contre les entraînements irréfléchis d’une armée victorieuse qui, dans l’ardeur de la poursuite, méprisant tous les obstacles, serait ten-