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des candélabres faisait un brouillard dans l’air. Phanuel passa le long des murs. Il venait encore d’étudier le firmament, mais n’avançait pas jusqu’au Tétrarque, redoutant les taches d’huile qui, pour les Esséniens, étaient une grande souillure.

Des coups retentirent contre la porte du château.

On savait maintenant que Iaokanann s’y trouvait détenu. Des hommes avec des torches grimpaient le sentier ; une masse noire fourmillait dans le ravin ; et ils hurlaient de temps à autre :

— Iaokanann ! Iaokanann !

— Il dérange tout ! dit Jonathas.

— On n’aura plus d’argent, s’il continue ! ajoutèrent les Pharisiens.

Et des récriminations partaient :

— Protège-nous !

— Qu’on en finisse !

— Tu abandonnes la religion !

— Impie comme les Hérode !

— Moins que vous ! répliqua Antipas. C’est mon père qui a édifié votre temple !

Alors, les Pharisiens, les fils des proscrits, les partisans des Matathias, accusèrent le Tétrarque des crimes de sa famille.

Ils avaient des crânes pointus, la barbe hérissée, des mains faibles et méchantes, ou la face