Page:Gustave Flaubert - La Tentation de Saint-Antoine.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lence complet des pythagoriciens. La douleur la plus imprévue ne m’arrachait pas un soupir ; et au théâtre, quand j’entrais, on s’écartait de moi comme d’un fantôme.

damis.

Auriez-vous fait cela, vous ?

apollonius.

Le temps de mon épreuve terminé, j’entrepris d’instruire les prêtres qui avaient perdu la tradition.

antoine.

Quelle tradition ?

damis.

Laissez-le poursuivre ! Taisez-vous !

apollonius.

J’ai devisé avec les Samanéens du Gange, avec les astrologues de Chaldée, avec les mages de Babylone, avec les Druides gaulois, avec les sacerdotes des nègres ! J’ai gravi les quatorze Olympes, j’ai sondé les lacs de Scythie, j’ai mesuré la grandeur du désert !

damis.

C’est pourtant vrai, tout cela ! J’y étais, moi !

apollonius.

J’ai d’abord été jusqu’à la mer d’Hyrcanie. J’en ai fait le tour ; et par le pays des Baraomates, où