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les tatianiens
en cilices de joncs :

L’arbre du mal c’est elle ! Les habits de peau sont notre corps.

Et, avançant toujours du même côté, Antoine rencontre
les valésiens
étendus par terre, avec des plaques rouges au bas du ventre, sous leur tunique.
Ils lui présentent un couteau :

Fais comme Origène et comme nous ! Est-ce la douleur que tu crains, lâche ? Est-ce l’amour de ta chair qui te retient, hypocrite ?

Et pendant qu’il est à les regarder se débattre, étendus sur le dos dans les mares de leur sang,
les caïnites
les cheveux, noués par une vipère, passent près de lui, en vociférant à son oreille :

Gloire à Caïn ! gloire à Sodome ! gloire à Judas !

Caïn fit la race des forts. Sodome épouvanta la terre avec son châtiment ; et c’est par Judas que Dieu sauva le monde ! — Oui, Judas ! sans lui pas de mort et pas de rédemption !

Ils disparaissent sous la horde des
circoncellions
vêtus de peaux de loup, couronnés d’épines, et portant des massues de fer :

Écrasez le fruit ! troublez la source ! noyez